Peut-on être licencié si l’on ment sur son CV ?

Mentir sur son CV est une tentation courante pour de nombreux candidats désireux de maximiser leurs chances d’être recrutés. Mais quelles sont les conséquences d’une telle démarche ? Peut-on réellement être licencié si l’employeur découvre la supercherie ? Entre exigences de loyauté, charge de la preuve et responsabilité de l’entreprise, faisons le point sur les risques encourus en cas de mensonge sur le CV.

Pourquoi certains candidats mentent-ils sur leur CV ?

À l’heure où la concurrence est parfois rude sur le marché du travail, la tentation de modifier ou d’arranger la vérité sur son CV peut sembler être une solution rapide pour décrocher un emploi. Les raisons qui poussent les candidats à mentir sont variées, mais elles traduisent souvent une volonté de répondre aux attentes, de plus en plus élevées, des employeurs, ou de compenser un manque d’expérience ou de diplômes.

Pour optimiser leurs chances d’être recrutés

Pour beaucoup, le CV est la première impression laissée à un recruteur. Certains candidats choisissent alors d’enjoliver leur parcours pour se démarquer. Ils comblent certaines périodes d’inactivité, gonflent leurs responsabilités ou allongent la durée de certaines expériences. L’objectif est de passer le filtre des logiciels de recrutement ou les premiers entretiens, et de maximiser leurs chances d’être sélectionnés parmi des dizaines, voire parfois des centaines de candidatures.

Pour convaincre les employeurs de les embaucher

D’autres candidats estiment parfois que certains « ajustements » sont requis pour rassurer l’employeur sur leurs capacités à occuper un poste. Il peut s’agir d’inventer une expérience en lien direct avec le poste visé, ou de prétendre posséder une compétence technique très recherchée.

Dans certains secteurs, la pression pour répondre à des critères stricts pousse même à l’invention pure et simple de diplômes ou de qualifications.

Quels sont les mensonges les plus fréquents sur un CV ?

Les mensonges sur le CV prennent des formes variées, mais certains reviennent plus fréquemment que d’autres. Ces pratiques, bien que répandues, sont de plus en plus risquées à l’ère des vérifications systématiques et du croisement des informations.

L’obtention d’un ou de plusieurs diplômes

L’un des mensonges les plus courants consiste à s’attribuer un diplôme non obtenu, à transformer une année d’études inachevée en réussite, ou à mentionner une école prestigieuse jamais fréquentée. Cette fraude peut sembler anodine, mais elle est prise très au sérieux, surtout lorsque le diplôme est un prérequis pour exercer certaines fonctions.

Des expériences professionnelles simulées

Autre pratique fréquente : l’invention ou la modification d’expériences professionnelles. Certains candidats allongent la durée de leurs missions, transforment un stage en CDI, ou attribuent à leur poste des responsabilités qu’ils n’ont jamais eues. Ces mensonges visent à combler des « trous » dans le CV ou à répondre précisément aux attentes du recruteur.

Peut-on être licencié si l’on ment sur son CV ?

La découverte d’un mensonge sur le CV d’un salarié peut avoir de lourdes conséquences. Toutefois, la loi encadre les conditions dans lesquelles un employeur peut procéder à un licenciement pour ce motif.

Un licenciement possible uniquement si la fraude peut être prouvée

Pour qu’un licenciement soit justifié, l’employeur doit démontrer que le mensonge a été déterminant dans l’embauche et qu’il porte sur un élément essentiel du poste (diplôme obligatoire, expérience, etc.). Si la fraude est avérée et que le salarié n’aurait pas été recruté sans ce mensonge, un licenciement pour faute grave est possible. La charge de la preuve repose sur l’employeur, qui doit établir le lien entre la supercherie et le poste occupé.

La responsabilité de l’entreprise engagée si des vérifications n’ont pas été réalisées

La loi précise aussi que l’employeur doit effectuer les vérifications nécessaires au moment du recrutement. S’il ne demande jamais à voir les diplômes ou ne contacte par les anciens employeurs, il sera difficile de sanctionner le salarié a posteriori. En cas de négligence dans les contrôles, la responsabilité de l’entreprise peut être engagée, et le licenciement contesté devant les Prud’hommes.

Que risquent les salariés ayant menti sur leur CV ?

Les conséquences pour le salarié dépendant de la gravité du mensonge et de son impact sur l’embauche. En effet, si le mensonge est jugé déterminant, le salarié s’expose à un licenciement pour faute grave, sans indemnités ni préavis. Dans certains cas, notamment dans les professions réglementées, le salarié peut aussi faire l’objet de poursuites pénales pour exercice illégal d’une activité.

À l’inverse, si le mensonge n’a pas eu d’incidence sur l’embauche ou si le salarié s’avère compétent pour le poste, la justice peut se montrer plus clémente. Néanmoins, la découverte d’une fraude reste un facteur de rupture de confiance difficile à surmonter au sein d’une société. Mentir sur son CV est donc un pari risqué qui peut vous coûter cher.

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